De la méfiance à la confiance

 Avant de vous lancer dans la lecture de cette méditation, prenez le temps de relire Jean 20, 1–18. C’est ce texte qui sert de base à mes mots, et qui devrait être lu aussi dans les célébrations de Pâques !

Souvenez-vous : le contexte qui entoure les deux événements de la crucifixion et de la résurrection est assez tendu. L’autorité romaine avait cédé aux demandes d’une foule qui ne voulait plus entendre Jésus prêcher une certaine remise en question du mode de fonctionnement du Judaïsme de l’époque ; de l’autre côté Jésus avait annoncé sa résurrection de manière publique : il pouvait donc y avoir des craintes, chez les opposants à Jésus, que ses amis fassent disparaître le corps du suplicié et annoncent alors sa résurrection (une résurrection factice donc !). Il pouvait aussi y avoir des craintes chez les amis de Jésus, que leurs opposants eux-mêmes fassent disparaître son corps pour s’assurer de leur côté que la résurrection ne puisse pas avoir lieu.

Ce que l’on constate chez Jean au début du chapitre 20, c’est que les femmes qui viennent au tombeau le dimanche matin se sont pas du tout préoccupées par la résurrection : leur ami est mort sur la croix et après la pause du sabbat il est temps d’aller s’occuper de son corps. C’est tout !

Par contre, dès le moment où elles découvrent le tombeau vide, le soupçon lié au contexte politique que j’évoquais plus haut resurgit, très fort : « On a enlevé du tombeau le Seigneur, et nous ne savons pas où on l’a mis. » (v. 2).

Ce qui est très intéressant, finalement, c’est que c’est ce sentiment d’injustice qui va amener les disciples à venir voir eux-mêmes ce qu’il en est (il y a cette course au tombeau entre Pierre et l’autre disciple) … c’est contre ce sentiment d’injustice encore que va intervenir l’annonce de la résurrection aux femmes : par des anges d’abord puis par Jésus lui-même ! Vous le remarquez: tout se déroule par étapes progressives, de petite découverte en plus grande découverte, jusqu’au dévoilement final qui va alors libérer de leurs peurs et de leurs doutes les témoins de l’histoire.

 Ce qui me rassure aujourd’hui à la lecture de ce récit, c’est tout d’abord que l’affirmation de la résurrection n’était pas évidente, même à cette époque … ce qui me rassure aussi, c’est que je suis aussi lent à croire à cette affirmation que les témoins directs.

 Ce qui m’interroge par contre, c’est l’idée que je puisse tenir plus fort à mes soupçons de manipulation de la réalité, qu’à l’adhésion à une nouvelle qui peut me libérer de craintes et de doutes …!

 Je ne peux faire l’économie de l’analyse de la réalité de ce que je vis : mais face à la réalité, j’ai toujours le choix de la manière dont je désire l’interpréter. Avec méfiance ? ou avec confiance ?

 À mon avis, le choix de la confiance (et de la résurrection !) rejoint des paroles déjà prononcées par Dieu et transcrites dans l’Ancien Testament : « J’en prends à témoin aujourd’hui contre vous le ciel et la terre : c’est la vie et la mort que j’ai mises devant vous, c’est la bénédiction et la malédiction. Tu choisiras la vie pour que tu vives, toi et ta descendance, en aimant le Seigneur ton Dieu, en écoutant sa voix et en t’attachant à lui. » (Deutéronome 30, 19–20)

Pasteur Luc N. Ramoni