L’invisible dure toujours

Les textes de ce culte ont été utilisés par Luc Nirina Ramoni, pasteur, lors du culte du 16 juillet 2023 à l’église du Pasquart de Bienne. Bonne lecture !

Capitule de la semaine

Le roi leur répondra : “Je vous le déclare, c’est la vérité : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits d’entre les miens, c’est à moi que vous l’avez fait.” (Matthieu 25, 40)

Psaume 43

Rends-moi justice, mon Dieu, défends ma cause contre des individus sans pitié. Délivre-moi des menteurs et des malfaiteurs. Car c’est toi, Dieu, qui es mon protecteur.

Pourquoi m’as-tu repoussé, pourquoi dois-je vivre accablé, pourquoi laisses-tu mes ennemis m’écraser ?

Fais-moi voir ta lumière et ta fidélité. Qu’elles me guident vers la montagne qui t’appartient, qu’elles me conduisent à ta demeure !

Alors je m’approcherai de ton autel, de toi-même, Dieu ma plus grande joie. Je prendrai ma guitare pour te louer, toi qui es mon Dieu !

À quoi bon me désoler, à quoi bon me plaindre de mon sort ? Mieux vaut espérer en Dieu et le louer à nouveau, lui, mon sauveur et mon Dieu.

Avant la lecture

Seigneur notre Dieu,

aujourd’hui, j’aimerais te remercier de nous donner l’occasion d’écouter ta parole !

J’aimerais te remercier pour ces messages que tu nous transmets,

depuis le fond des âges, mais qui nous disent encore quelque chose aujourd’hui !

J’aimerais te remercier pour Jésus, pour sa vie, pour ses paroles,

pour les miracles qu’il a faits, pour la libération qu’il nous offre

sur la croix, et dans la résurrection.

Seigneur notre Dieu,

parfois j’ai de la peine à comprendre tes messages,

j’ai de la peine à voir où est la liberté que tu nous offres !

Aide-nous ce matin à la voir, cette liberté !

Aide-nous à en vivre !

Au nom et pour l’amour du Christ !

Amen

2 Corinthiens 4, 13-18

L’Écriture déclare : « J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé. » Nous aussi, dans le même esprit de foi, nous croyons et c’est pourquoi nous parlons.

Nous savons en effet que Dieu, qui a ressuscité le Seigneur Jésus, nous ressuscitera nous aussi avec Jésus et nous fera paraître avec vous en sa présence.

Tout ce que nous endurons, c’est pour vous ; de cette façon, la grâce de Dieu, qui aura fait multiplier les prières de reconnaissance, se répandra encore davantage, pour la gloire de Dieu.

C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Même si notre être physique se détruit peu à peu, notre être spirituel se renouvelle de jour en jour.

La détresse que nous éprouvons est passagère et légère, mais elle produit pour nous, au-delà de toute mesure, son pesant de gloire éternelle.

Car nous portons notre attention non pas sur ce qui est visible, mais sur ce qui est invisible. Ce qui est visible est provisoire, mais ce qui est invisible dure toujours.

Prédication narrative à partir de Marc 5, 21-43

Je vais vous demander un petit effort d’imagination … Imaginez que je sois l’un des disciples de Jésus ayant assisté à ces épisodes de l’Évangile. Je ne vais pas choisir n’importe lequel … mais je vais prendre Pierre … Nous sommes quelques années plus tard et, en tant que Pierre, je vais vous raconter ce que j’ai vu et entendu …

Nous venions d’accoster, après avoir traversé le lac en provenance du pays des Géraséniens, autrement dit en terre païenne. Jésus avait déjà fait plusieurs miracles en Galilée. Sa renommée s’était répandue partout, si bien qu’à notre arrivée, une grande foule était là pour le voir et l’entendre.

C’est alors qu’on a vu la foule s’écarter pour laisser passer un homme, visiblement quelqu’un d’important. On a appris plus tard qu’il s’appelait Jaïros et qu’il était un des chefs de la synagogue. Pourquoi était-il venu au milieu de la foule ? Était-il lié aux chefs religieux qui en voulaient à Jésus ? Nous étions un peu méfiants … Mais son visage n’exprimait ni la haine ni la colère mais plutôt la souffrance et la tristesse.

Notre méfiance a disparu pour laisser place à la surprise : arrivé près de Jésus, il s’est jeté à ses pieds ! Un homme de son importance ! À genou devant un rabbi, devant notre rabbi ! Une telle attitude ne convenait pas à son statut social … Son image allait en prendre un coup !

Mais on a compri rapidement qu’il était désespéré : sa fille était en train de mourir. Il fallait que Jésus vienne lui imposer les mains et sa fille guérirait ! Un miracle, il ne lui restait que cette issue. Jésus était son dernier espoir, il plaçait en lui tout ce qu’il lui restait de foi … On ne savait pas trop d’ailleurs s’il fallait voir dans sa demande le désespoir ou l’espoir fou.

Jésus n’a rien dit. Mais il s’est mis en marche, avec Jaïros … Et toute la foule s’est mise à les suivre également. L’excitation montait, les gens parlaient entre eux : « on va peut-être de nouveau voir un miracle ! » Il y avait de l’électricité dans l’air … Mais Jaïros, lui, était visiblement pressé d’arriver chez lui.

Et tout à coup, sans raison, Jésus a stoppé. Il s’est retourné et il a demandé à toute la foule : « Qui a touché mes vêtements ? »

On n’y comprenait plus rien … On se disait que tout le monde avait touché son vêtement, avec toute cette foule autour de lui qui le pressait de tous côtés ! C’est d’ailleurs ce qu’on lui a dit … Mais, visiblement, Jésus attendait une autre réponse !

Il y a eu silence embarrassé, puis un murmure a commencé à monter dans la foule : « Quel était le sens de la question de Jésus ? Qu’attend-il comme réponse ? Quelqu’un lui avait t’il volé quelque chose ? Lui avait t’on fait mal ? »

C’est alors qu’une femme est sortie de la foule et s’est approchée de Jésus d’un pas hésitant. Elle était visiblement terrifiée. Elle s’est mise à genou devant Jésus : c’était elle qui avait touché son vêtement, parce qu’elle était malade. Depuis douze ans, elle était atteinte d’une perte de sang.

Un mouvement de recul s’est fait sentir autour d’elle et une rumeur est montée de la foule : « Elle est impure ! Et depuis douze ans ! Comment a-t-elle osé se mêler à nous, et même toucher Jésus ? »

Mais la femme continuait son histoire. Tous les médecins qui se sont occupés d’elle n’ont fait qu’empirer son état. Elle a entendu parler de Jésus et a vu en lui son dernier espoir. Elle se disait qu’en touchant ne serait-ce que le vêtement de Jésus, elle serait guérie. Alors elle l’a fait, simplement. Et elle savait à l’intérieur d’elle-même qu’elle avait été guérie.

Quelle audace ! Mais j’avais déjà remarqué que Jésus aimait les gens audacieux. Alors une femme, impure selon la Loi qui plus est, une femme qui avait tout contre elle et qui manifeste une telle audace, je m’attendais à ce que Jésus y soit sensible ! Et ça n’a pas manqué, il lui a dit : « Ma fille, ta foi t’a sauvée ; va en paix et sois guérie de ton mal. »

« Ta foi t’a sauvée … » L’exemple de cette femme nous avait donné une leçon. Voilà ce qu’est la foi ! Oser braver les interdits, surmonter les tabous pour s’approcher de Jésus. Croire qu’il peut guérir, qu’il peut sauver. Et oser le toucher. Finalement, la foi est une forme de courage !

Avec tout ça, on en avait presque oublié le chef de la synagogue et sa fille … Mais des gens de chez Jaïros sont alors arrivés, le visage défait. Ils se sont approchés du chef de la synagogue et lui ont parlé. Je n’ai pas entendu ce qu’ils lui ont dit mais je l’ai bien compris en voyant changer son visage. C’était trop tard : sa fille était morte. Il n’y avait plus d’espoir …

Alors Jésus, qui parlait encore avec la femme guérie de sa perte de sang, vint vers Jaïros et lui a dit, avec calme, cette parole étonnante : « N’aie pas peur, crois seulement. »

Croire … mais croire quoi ? Croire que ses amis se trompent ? Croire que Jésus va pouvoir même ressusciter sa fille ? Autant croire à l’impossible !

Jésus nous a alors demandé alors de retenir la foule et il est partit seulement avec les deux fils de Zébédée, Jacques, Jean et moi. Il ne voulait pas toute la foule avec lui mais seulement quelques témoins.

Pendant quelques minutes, nous n’avons pas échangé une parole. Nous étions dans l’expectative. Puis nous sommes arrivés chez le chef de la synagogue. La maison était en deuil. Toute la famille et les proches se lamentaient et pleuraient l’enfant disparue.

Qu’est-ce que Jésus pensait de tout cela ? Et qu’avait-il derrière la tête ? En tout cas, ce qu’il dit alors me paraît aujourd’hui encore bien mystérieux : « l’enfant n’est pas morte : elle dort. » Comment le savait-il ? Était-ce vrai ? La fille n’était-elle pas morte ? Ou voulait-il dire qu’il allait la réveiller, la ressusciter ?

En tout cas, les gens rassemblés autour de la maison n’ont pas pris Jésus au sérieux. Leurs pleurs se sont transformés en rires grinçants. « Nous savons bien qu’elle est morte ! Et il est trop tard maintenant ! »

Jésus ne s’est pas laissé démonter par leurs moqueries … il en avait vu d’autres ! Il a chassé la foule, il a pris avec lui le père et la mère de l’enfant. Nous sommes entrés avec eux dans la chambre où elle était couchée. Elle semblait bel et bien morte. Les parents étaient effondrés …

Jésus s’est approché alors du lit et s’est adressé à l’enfant, en lui demandant de se lever. On s’est tous regardé, stupéfaits … Et, presque instantanément, elle a ouvert les yeux, s’est redressée et s’est même levée de son lit !

Dans un premier temps, nous ne pouvions ni bouger ni dire quoi que ce soit. Nous étions là, bouche bée … Et puis la fille est allée dans les bras de ses parents. Leurs larmes n’étaient plus des larmes de tristesse mais des larmes de joie ! Jésus a même dû leur dire de lui donner à manger … tout à leur joie ils n’y pensaient même pas !

Enfin, avant de les quitter Jésus leur dit encore de ne pas raconter à tout le monde ce qui s’était passé. Il n’avait pas fait ce miracle pour être reconnu par les foules mais pour répondre à la foi de Jaïros et pour redonner la joie dans cette famille.

Mais je ne suis pas sûr du tout qu’ils aient suivi ces recommandations … Comment ne pas raconter un tel miracle ? Et puis, tout le monde pouvait le constater : la fille de Jaïros était bel et bien en vie et en pleine forme !

Ce jour-là j’ai compris que la foi peut nous conduire à toutes les audaces, briser toutes les barrières.

Par la foi, on peut même croire à l’impossible.

Aujourd’hui j’ai compris aussi que le pouvoir de Jésus n’avait pas de limite, qu’il est bien le Messie, le Fils de Dieu. Mais j’ai vu surtout qu’il ne faisait pas de miracles, juste pour démontrer sa puissance, mais pour délivrer ceux qui souffrent.

Il n’accomplit pas des miracles à la chaîne, mais il prend soin personnellement de ceux qui souffrent. Il ne voulait pas que la femme atteinte d’une perte de sang soit guérie anonymement. Il voulait la voir et entrer en relation avec elle. Il voulait que Jaïros et sa femme soient témoins de la guérison de leur fille.

Aujourd’hui qu’il nous a quitté et qu’il est retourné au ciel, auprès du Père, Jésus est présent à nos côtés par son Esprit. Il veut nous guérir, nous sauver. Mais il veut pour cela entrer en relation avec nous.

Il nous faut être animés par l’audace de la foi qui ne craint pas les obstacles ou les moqueries de la foule mais dont l’unique but est de « toucher » Jésus, de s’approcher de lui et d’être sauvé par lui.

Il nous faut avoir une foi comme celle de Jaïros ou de la femme guérie de sa perte de sang.

Alors, aujourd’hui encore, Jésus nous dira : « Ta foi t’a sauvé·e ; va en paix ! »

Confession de foi (Texte de Mme Lytta Basset in « Traces vives, paroles liturgiques pour aujourd’hui » Lytta Basset, Francine Carillo, Suzanne Schell)

Nous croyons en toi, Dieu créateur du ciel et de la terre

Quand le brouillard se déchire comme une toile fatiguée,

Quand les étoiles font palpiter la nuit à perte de vue,

Tu viens et Tu nous parles …

Nous croyons en toi, Père des cieux, Dieu de notre enfance,

tu nous attends comme on se penche, en retenant son souffle,

sur le miracle qui prend naissance

Dieu tout-vivant, tu nous offres cette vie au présent

qui nous échoit telle une manne imprévisible

Dieu de toute-puissance, tu te lèves pour nous défendre

comme on vient prendre par la main l’ami·e qui n’en peut plus,

et nous nous acheminons ensemble vers ta Maison.

Nous croyons en toi, Jésus de Nazareth, vrai homme vrai Dieu

Quand la terre n’en finissait pas de tourner sur sa douleur,

quand l’espérance s’enlisait dans la peur du lendemain,

tu as pris corps au ventre de Marie,

et tu as vécu en authentique fils de l’humain :

héritier de cette humanité que Dieu avait rêvée tout autre …

Tu en es mort crucifié, avec deux malfaiteurs

Tu as connu l’abîme de l’angoisse et du désespoir,

tu as crié l’abandon et le silence de Dieu

Le troisième jour, Celui qui veille t’a levé d’entre les morts

Il t’a recueilli dans Sa lumière, accueilli en Fils de la maison

Nous croyons en toi, Jésus de Nazareth,

tu n’as pas souffert pour rien :

tout ce que tu as dit nous brûle encore le cœur ;

quand nous pleurons nos violences et nos lâchetés,

tu nous invites à prendre place à tes pieds

pour y trouver notre part d’éternité,

celle qui ne nous sera jamais ôtée.

Nous croyons en toi, Esprit saint, Consolateur incomparable

Quand la mort marque nos corps au fer rouge de la séparation,

quand le ciel vide nous laisse béants de solitude,

tu viens pacifier tout ce qui nous fait la guerre,

tu viens sanctifier nos « pourquoi » et nos prières

Esprit du Christ vivant, charbon ardent de la Parole,

ta sainteté se propage comme un feu, de bouche à oreille.

Nous croyons ton Église sainte et sans frontières :

tu la sanctifies par le moindre de ses gestes solidaires,

tu lui apprends le lien indéfectible de tout être au Créateur,

tu lui offres la communion unique d’une famille au centuple

Esprit du Christ vivant, charbon ardent de la Parole,

nous croyons la dissolution du péché : tu dénoues toute entrave,

tu nous relies au Père par le fil d’or de la compassion

Nous croyons la résurrection des morts

et de tout ce qui est mort :

tu souffles la vie au tombeau glacé de nos relations

Nous croyons la vie éternelle :

l’heure du cœur à cœur, pour toujours …

Amen

Notre Père qui es aux cieux

que ton nom soit sanctifié,

que ton règne vienne,

que ta volonté soit faite

sur la terre comme au ciel …

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.

Pardonne-nous nos offenses

comme nous pardonnons aussi

à ceux qui nous ont offensés,

et ne nous laisse pas entrer en tentation,

mais délivre-nous du mal,

car c’est à toi qu’appartiennent

le règne, la puissance et la gloire,

pour les siècles des siècles.

Amen

Merci de nous avoir lu juste là !

Le Seigneur vous connaît,

même si vous pensez n’être qu’une personne anonyme dans la foule …

Il vous bénit, le Père, le Fils et le Saint-Esprit !

Amen