C’est à nous de montrer autour de nous que Dieu aime tout le monde

Les textes de ce culte ont été utilisés le 30 avril 2023 avec des paroissiens de Bienne et de Nidau, par Luc Nirina Ramoni, pasteur. Bonne lecture !

Capitule de la semaine

Dès que quelqu’un est uni au Christ, il est un être nouveau : ce qui est ancien a disparu, ce qui est nouveau est là. (2 Corinthiens 5, 17)

Psaume 81 jusqu’au verset 8

2 Criez votre joie à Dieu, notre protecteur, faites une ovation au Dieu de Jacob.
3 Faites donner la musique, allez-y pour les tambourins, la lyre d’harmonie et la harpe.
4 Sonnez du cor à la nouvelle lune, puis à la pleine lune, le jour de notre fête.
5 Car c’est un devoir pour le peuple d’Israël, une décision du Dieu de Jacob,
6 la règle qu’il a prescrite à la famille de Joseph, quand il s’attaqua à l’Égypte.
— J’entends une voix inconnue me dire :
7 J’ai déchargé tes épaules du fardeau, tes mains ont laissé le lourd panier.
8 Quand tu étais dans la détresse, tu m’as appelé et je t’ai délivré.
Je t’ai répondu au cœur de l’orage.

Prière d’illumination

Prions

Faut-il craindre ta voix, Seigneur,
jusqu’à renoncer à t’écouter parce que tu domines l’univers ?
Non ! Tu t’es fait semblable à nous.
En ton Fils Jésus Christ,
tu t’es approché de nous.
Tu es de notre côté !
Que ta voix enflamme la Parole d’aujourd’hui,
et ton Souffle Saint en attise le feu.
Pour qu’en nos cœurs brûlent l’amour et la joie.
Amen.

Esaïe 61, 10-11

Le Seigneur est pour moi une source de joie débordante.
Mon Dieu me remplit de bonheur, car le secours qu’il m’accorde est un habit dont il me vêt, et le salut qu’il m’apporte, un manteau dont il me couvre.
J’ai la joie du jeune marié qui a mis son turban de fête, ou de la fiancée parée de ses bijoux.
En effet, comme la terre fait sortir les pousses, ou comme un jardin fait germer ce qu’on y a semé, ainsi le Seigneur Dieu fera germer salut et louange devant l’ensemble des nations.

Jean 14, 1-7

« Ne soyez pas si inquiets, leur dit Jésus. Ayez confiance en Dieu et ayez aussi confiance en moi.
Il y a beaucoup de place dans la maison de mon Père ; sinon vous aurais-je dit que j’allais vous préparer le lieu où vous serez ?
Et après être allé vous préparer une place, je reviendrai et je vous prendrai auprès de moi, afin que vous soyez, vous aussi, là où je suis. »
Vous connaissez le chemin qui conduit où je vais.
Thomas lui dit :
« Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment pourrions-nous en connaître le chemin ? »
Jésus lui répondit :
« Je suis le chemin, la vérité, la vie. Personne ne peut aller au Père autrement que par moi. Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père. Et dès maintenant vous le connaissez, vous l’avez vu. »

Prédication

À partir de ce discours que Jean met dans la bouche de Jésus, je vais un peu papillonner ce matin, en passant d’une histoire biblique à une autre, mais en partant bien d’une demande contenue dans ce récit de l’Évangile : montre-nous le Père !

Je ne sais pas si je me trompe, mais j’ai l’impression que tout le monde aurait envie de voir Dieu. Et, un peu comme les enfants qui me disent parfois : «Si je voyais Dieu seulement une fois, je croirais», de nombreuses personnes pensent ainsi qu’il faudrait qu’ils aient une communication directe avec Dieu pour pouvoir y croire. En tout cas, c’est déjà la remarque de Philippe à Jésus. Alors que Jésus tient un discours qui passe largement au-dessus de l’esprit de ses amis, Thomas, le premier, intervient : «Nous ne savons pas où tu vas ! Alors, comment pourrions-nous en connaître le chemin ?» Et dans la suite du texte, Philippe dit même à Jésus : Ce n’est pas la peine de faire des grands discours. Montre-nous le Père et ça suffit !

Ça paraît logique … à nous aussi ça nous conviendrait … ? Mais est-ce que la réponse de Jésus nous convient ? «Si vous me connaissez, vous connaîtrez aussi mon Père.» C’est net, oui, mais comment voir Jésus ?

Sûrement, ce qui nous saute à l’esprit en premier lieu, c’est de dire : il y a l’Évangile. Et c’est vrai, d’une certaine manière. Mais l’évangile, il faut d’abord y avoir accès. Or ça me rappelle l’histoire de l’Ethiopien qui quittait Jérusalem et s’en retournait vers son pays, en direction de la bande de Gaza et de l’Égypte, lorsqu’un autre Philippe le rejoint sur la route et lui demande : «Comprends-tu ce que tu lis ?» L’Ethiopien lui répond : «Comment pourrais-je comprendre, si personne ne m’explique !» Alors oui, l’Évangile nous donne accès à Jésus, mais peut-être qu’il ne suffit pas complètement …

L’Évangile a été écrit il y a vingt siècles, dans un environnement culturel différent du nôtre, par des gens qui n’avaient absolument pas notre tournure d’esprit. Je pense qu’on peut cependant, en relisant l’Évangile, connaître Jésus, quelles ont été ses attitudes, ses actes, ses relations, assimiler ses paroles. Mais il reste cependant que pour beaucoup de nos contemporains, l’Évangile lui-même ne suffit pas pour avoir accès à Jésus, et donc a fortiori, pour avoir accès à Dieu. Et pourtant Jésus nous dit : Je suis le seul chemin. Il n’y en a pas d’autre. Si tu veux connaître Dieu, entrer dans son esprit, le voir même, il faut me voir. Alors, comment faire ?

Il y a un texte du XIVe siècle qui dit : «Christ n’a pas de mains aujourd’hui, il n’a que nos mains. Christ n’a pas de bouche, il n’a que nos bouches. Christ n’a pas de pieds, il n’a que nos pieds pour aller vers les hommes.» C’est ce que traduisait très fortement la première communauté chrétienne. En premier lieu l’apôtre Paul qui dit : «Vous êtes le corps du Christ.» Le corps, c’est ce qui sert à entrer en relations, à communiquer avec autrui, à identifier. Vous êtes le corps du Christ. Pourquoi disait-il cela ? Parce que les apôtres étaient en train de faire une expérience vitale pour eux. Le Christ les avait quittés, et pourtant il était là, avec eux, comme il l’avait promis. Et ils touchaient du doigt son action. C’était lui qui inspirait et leurs actes, et leurs paroles. Si bien que chaque fois qu’ils se réunissaient, ils se disaient mutuellement : «Le Seigneur est avec nous.» Comme nous nous le disons encore parfois aujourd’hui.

Mais faisons-nous vraiment cette expérience vitale d’une présence active de Jésus dans nos communautés ? Pourrions-nous, comme dans certaines communautés évangéliques ou comme la proclamation du livre d’Esaïe tout à l’heure, affirmer si haut et si fort notre bonheur placé en Dieu ?

En tout cas, l’apôtre Pierre qui, lui aussi, a fait cette expérience que le Seigneur inspire tous ses actes et toutes ses paroles, Pierre va dire en s’adressant aux chrétiens : «Vous êtes le Temple spirituel … Vous êtes les pierres vivantes de cet édifice spirituel qu’est l’Église.» Ce qui veut dire, en bon français, que nous qui sommes ici ce matin, nous formons le corps du Christ. C’est-à-dire que nous rendons visible Jésus, et d’une certaine manière Dieu lui-même. Alors ça peut paraître une lourde responsabilité. Collective et personnelle. Cela veut dire que, par rapport à la question de départ : Montre-nous le Père, il y a un renversement qui suppose notre engagement : si quelqu’un désire voir Dieu, il pourra le voir au travers de l’image que nous donnerons collectivement et individuellement de ce Dieu-Amour.

Alors voilà : le ton est lancé … et je pense que dans nos têtes nous mesurons ce que la tâche a de difficile … c’est que nous savons que même si, de manière générale, nous ne nous sentons pas ‘mauvais’, nous savons aussi nos faiblesses : nous nous rendons bien compte que parfois nous pourrions renvoyer une image de Dieu pas si glorieuse que ça !

Ce mouvement de prudence est tout à notre honneur. Cela dit, personne ne nous demande d’être parfaits … et d’autre part, depuis le début de l’histoire de l’Église, il y a toujours eu des situations difficiles, des situations dans lesquelles l’Église n’a pas reflété une belle image de Dieu !

Le livre des Actes par exemple, qui raconte le début du christianisme, se fait l’écho d’un conflit qui surgit à Jérusalem entre les chrétiens de langue grecque et ceux de langue hébraïque, parce que les aides matérielles sont distribuées plus facilement aux veuves de langue hébraïque qu’aux autres. Il y a un problème. Bien ! On va en discuter. Pas «derrière le dos» des apôtres. Non. On en discute ouvertement, publiquement. On fait des propositions, on vote, et on trouve alors une bonne solution …

Avec cet exemple, nous sommes au cœur de la tâche que nous nous devons de suivre, collectivement et individuellement, en prenant Jésus pour guide, lui qui est la vérité et la vie …

Il ne s’agit ici ni de cacher, ni de manipuler, mais de donner à tout le monde les outils qui vont permettre de réfléchir, d’innover, de trouver des solutions qui vont favoriser les uns et les autres, des solutions qui vont rendre justice à la vie que Dieu ne veut pas limiter à 1 ou 2 !

Être parfaits ? Laissons cela à Dieu …

Mais surtout que cette affirmation ne nous empêche pas de nous engager, en vérité et en utilisant nos ressources créatrices de solutions …

Parce qu’il y a plein de problèmes dans les Églises, des problèmes d’argent, des problèmes de pouvoir, des problèmes de jalousies, des problèmes de personnel parfois, et aussi des problèmes de paroissiens … tout cela, vu de l’extérieur, ne donne pas très envie, je dois bien l’avouer … mais cela donne encore moins envie si notre manière de trouver des solutions n’est pas en adéquation avec notre idéal de vérité, de justice et de paix tel que le Christ les a incarnés …

L’enjeu est de taille : j’ose dire qu’il y va carrément du salut du monde : c’est à nous de montrer autour de nous que Dieu aime tout le monde.

Amen

Prions pour d’autres …

Notre Père, notre Mère qui es aux cieux, nous voulons te parler de la terre, de sa violence et de ses misères.
Que tous les humains te reconnaissent comme Parent, et qu’ils se découvrent comme sœurs et frères.
Qu’ils aient à cœur de te laisser place dans leur vie, afin que ton nom soit confessé, reconnu et sanctifié.
Que soient posés des gestes de réconciliation et de paix, et qu’ils deviennent signes de ton Règne qui vient.
Que ta volonté ne demeure pas de belles paroles qu’on trouve dans les Écritures, mais qu’elle soit faite sur la terre comme elle l’est au Ciel.
Aujourd’hui des femmes, des hommes, des enfants meurent de faim, alors que d’autres sont repus et souffrent de trop-plein. Apprends-nous à partager ce que tu nous accordes.
Aujourd’hui des femmes, des hommes, des enfants vivent dans la violence et l’oppression. Nous te prions pour la réconciliation et la paix. Donne aux offensés le courage du pardon, afin que les offenseurs se sachent pardonnés.
Aujourd’hui des femmes, des hommes sont soumis à la tentation du pouvoir qui oppresse, de l’argent qui isole, d’une vie qui se dérègle, du découragement qui meurtrit. Délivre-nous des tentations qui nous dénaturent.
Aujourd’hui des femmes, des hommes, des enfants sont victimes de maladie, de solitude, de peur, d’angoisse … Délivre-nous du malheur !
Seigneur·e, c’est vers toi que monte notre prière. Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, aux siècles des siècles.

Amen

Notre Père qui es aux cieux
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel …
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.Pardonne-nous nos offenses
comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés,
et ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du mal,
car c’est à toi qu’appartiennent
le règne, la puissance et la gloire,
pour les siècles des siècles.

Amen

La grâce et la paix, qui dépassent tout ce que nous pouvons en comprendre, gardent vos cœurs et vos pensées, dans le nom du Christ Jésus, Amen (Philippiens 4, 7)