La vie est un voyage

Les textes que vous trouverez ci-dessous ont été prononcés dans l’église du Pasquart de Bienne, lors du culte d’adieux à Luc Nirina Ramoni, pasteur, le 25 juin 2023. Merci à Marianne Wühl  pour la prière de louange et à Daniel Galataud d’avoir raconté Jonas. Bonne lecture !

Capitule du jour :

Le Seigneur dit à Abram : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père et va dans le pays que je te montrerai. (Genèse 12, 1)

Nous allons parler de voyage aujourd’hui et pour introduire ce thème je me suis dit que j’allais vous parler un peu de généalogie … il y a des généalogies dans la Bible, c’est quelque chose d’assez important pour construire l’histoire d’une famille et pour se relier aux autres membres …

Je ne sais pas si parmi nous il y a des personnes qui s’intéressent aux histoires de famille. Souvent on se dit que la généalogie, ce ne sont que des noms. Des relations entre ces noms. Fils ou fille de…, Épouse ou époux de … etc.

Mais la généalogie, c’est aussi des dates, liées aux événements que vivent les personnes : naissance … mariage … décès … etc. Mais ce sont aussi des lieux. Certaines familles restent dans la même région, et parfois on se rend compte qu’il y a des noms de lieux étrangers …

En Suisse, petit pays au centre de l’Europe, nous en savons souvent quelque chose : rares sont les familles à n’être que Suisse – Suisse. Alors pourquoi y a t’il des lieux étrangers qui apparaissent ? Pourquoi certaines personnes ont-elles voyagé ?

Et pour la généalogie, je dois dire que ce ne sont pas seulement des gens d’une région donnée qui partent ailleurs. Mais des gens d’ailleurs qui se lient à des personnes de la région … Prenez quelques minutes avant de lire la suite, et demandez-vous :

le voyage, pourquoi ?

pour aller où ?

qu’est-ce que je recherche avec un voyage ?

Prière de louange (Marianne Wühl)

La vie que tu nous donnes,

C’est ton souffle qui nous traverse

Depuis notre naissance et jusqu’à notre vieillesse.

Pour ta présence dans tous les moments de notre vie,

Nous te louons Seigneur.

La vie que tu nous donnes,

Dans ce qu’elle a de plus beau, mais parfois aussi de plus sombre,

Dans ces moments où nous testons nos limites, où nous mettons les pieds contre le mur

Sans bien comprendre où tout cela va nous mener, quelle aventure !

Tu nous assures alors de ta tendresse et de ta fidélité, merci !

Nos familles, nos copains, nos amis, nos voisins,

Ceux qui font avec nous la route de la vie

Et qu’il serait dommage de croiser sans les regarder,

C’est un peu de toi à nos côtés dans les joies comme dans les peines,

Et nous te disons merci.

Dans cette vie que tu nous donnes,

Tu nous as voulus libres et indépendants,

Responsables et entreprenants, dans nos gestes, dans nos paroles,

Libres et aimants dans les liens du cœur que nous tissons avec les autres,

Liens, gestes, paroles possibles parce que tu les as eus, Toi le premier.

Pour l’année écoulée, pour cette nouvelle étape franchie,

Pour tout ce beau chemin parcouru avec Luc Nirina à qui nous disons au revoir aujourd’hui,

Pour l’été et les vacances qui approchent et qui vont nous offrir

Des jours de vent, de soleil et de liberté,

Nous te disons merci Seigneur.

Amen

Narration du livre de Jonas (Daniel Galataud)

Je n’avais rien demandé.

Je voulais juste vivre une vie tranquille dans mon village, non loin de Jérusalem.

Déjà, Dieu m’avait laissé deux ou trois messages à transmettre. Mais je n’avais jamais été plus loin que le village d’à côté.

Et voilà qu’il me visite pour me dire que les habitants de Ninive se comportent si mal, qu’ils sont si méchants que Dieu doit intervenir. Il me demande alors d’aller chez eux pour les menacer.

Mais moi, je ne voulais pas aller là-bas, je voulais rester chez moi.

Je n’ai rien dit, car c’est Dieu tout de même.

Je me suis bien rendu à Jaffa pour prendre le bateau et là, j’ai pris un billet, mais pour Tarsis et non pour Ninive.

Ninive est à l’est et, moi, j’allais à l’ouest. Je voulais aller le plus loin possible de ce dieu.

Je pensais qu’en m’éloignant de lui, il aurait moins d’influence.

J’espérais un voyage calme, sans aventure.

J’ai donc pris un bateau pour Tarsis. Le bateau transportait des marchandises, ainsi que quelques passagers. A peine étions-nous sortis du port qu’un vent violent s’est mis à souffler, entraînant le bateau au large. Les marins n’aiment pas naviguer sans voir les rives. Ils ont pris peur.

Ils ont d’abord jeté les marchandises par-dessus bord. Ensuite, ils ont demandé aux passagers de prier leurs dieux pour que le vent s’arrête. Moi, je n’ai rien entendu de cela. Dès les premiers coups de vent, je suis descendu dans la cale et là, je me suis endormi.

Cela n’a pas duré longtemps, car le commandant m’a réveillé sans ménagement et m’a dit : « toi aussi, prie ton dieu. » Il va faire quelque chose pour nous. » Je savais bien qu’il ne ferait rien, car si on était dans cette situation, c’était à cause de moi. Mais, je n’ai rien dit en me disant que cela allait peut-être passer, parce qu’on s’était trop éloigné de lui.

Le vent redoublait de fureur, la mer était agitée et le bateau allait de-ci, de là, comme une coquille de noix. Les marins avaient de plus en plus peur et maintenant, ils désiraient savoir qui était le responsable d’une telle situation. Ils ont alors tiré au sort le coupable. Et vous pouvez l’imaginer, le sort m’a désigné comme étant le responsable de cette situation catastrophique. J’ai dû expliquer que je fuyais mon Dieu en allant à Tarsis, alors que je devais aller à Ninive.

J’ai alors fait preuve d’un altruisme dont je ne me sentais pas capable. Je leur ai dit : « Jetez-moi par-dessus bord ». Ils ont été très corrects en proposant d’abord de ramer. Ils ont ramé, ramé, essayant en vain de rejoindre le port de Jaffa. Le vent était trop violent, la mer trop déchaînée et ils m’ont jeté par-dessus bord.

J’ai cru ma dernière heure arrivée. J’étais dans la mer, j’allais me noyer quand un gros poisson venu de nulle part m’a avalé tout rond. Je ne sais pas comment je me suis retrouvé dans son estomac. Mais, était-ce bien son estomac ? En fait, je n’en suis pas certain.

N’allez pas croire, ce n’était ni spacieux, ni confortable. Je ne savais pas combien de temps j’allais rester vivant. Alors, j’ai prié Dieu. Il a dû entendre, car un mouvement contraire s’est fait sentir et j’ai fait le voyage retour. J’ai été rejeté sur le rivage avec un atterrissage douloureux. J’étais mal en point. Il a fallu du temps pour que je me remette de cette expérience traumatisante.

J’étais presque guéri quand Dieu m’a rendu visite. « Et alors, maintenant, tu vas y aller à Ninive ». J’avais un peu honte de ma conduite, alors j’ai accepté. N’empêche que je n’y suis pas allé de gaieté de coeur. J’ai traîné les pieds, me permettant une sieste chaque jour et visitant tout ce qui était à voir sur le chemin. Mais, même lorsqu’on traîne les pieds, arrive le moment où on arrive au but.

Là, devant la grande ville, plus de 100’000 habitants, j’ai réfléchi à ce que j’allais dire et j’ai décidé de frapper un grand coup. M’engageant dans la rue principale, j’ai crié : Dans 40 jours, le Dieu unique va détruire la ville, repentez-vous ! »

À ma grande surprise, les Ninivites ont décidé de changer. Ils ont quitté leurs beaux habits pour des habits de deuil. Ils se sont mis à jeûner. En un jour à peine, le roi et ses ministres ont été au courant et, eux aussi, ont décidé de se repentir. Le roi a édicté une loi obligeant chaque citoyen à mettre des habits de deuil et à jeûner, même les animaux ne devaient pas manger. Je n’en demandais pas autant.

En une journée, j’étais arrivé à l’autre bout de la ville. Il faut dire que j’avais suivi les artères principales et évité les routes secondaires. Et c’est là, en sortant de la ville, que j’ai appris, je ne sais plus comment, que Dieu avais changé d’avis. Il avait décidé de pardonner à Ninive et aux Ninivites.

Alors, je suis entré dans une colère noire et je lui ai dit ma façon de penser, tout Dieu qu’il était.

« Je savais bien que tu étais un dieu bon et compatissant. Tu allais leur pardonner, j’en étais sûr. C’est pour cela que je suis parti pour Tarsis. Et moi, de quoi j’ai l’air, tu y as pensé ? Maintenant, personne ne va plus m’écouter. On dira : ce prophète parle, mais personne ne l’écoute, même son dieu fait le contraire de ce qu’il dit. Il parle et rien ne se passe. »

Toutefois, comme j’espérais que Dieu allait quand même condamner la ville, je me suis installé dans les environs, près d’une petite maison. Je voulais voir ce qui allait se passer. J’étais pas trop loin et pas trop près de la ville. Pas trop loin pour voir ce qui allait se passer. Pas trop près pour ne pas subir les dommages collatéraux d’une destruction massive.

Un matin, je vois pousser tout près de la maison, une grande plante. Elle est belle, si belle ! Elle m’a tout de suite plu. J’en étais amoureux, en quelque sorte. Elle était grande, étalée et son feuillage me donnait de l’ombre. Vers elle, je me sentais en sécurité et protégé. Le soir venu, que j’ai eu de la peine à la quitter ! Mais, craignant le frais de la nuit, je suis rentré pour dormir dans la maison.

Quand je me suis réveillé, ma première pensée a été pour ma plante. Quand je suis sorti, je l’ai vu et mon coeur s’est brisé. Elle était devenue flasque, un ver l’avait piquée. Elle était en train de mourir. Cela m’a flanqué un coup. J’étais d’un triste. De plus, le soleil tapait, était brûlant et un vent du désert desséchait tout. Alors, j’ai dit à Dieu : « je n’en peux plus, reprends-moi. J’en ai marre, je veux mourir. »

Et Dieu m’a visité encore une fois. Sans dire « Bonjour, shalom » ou quoi que ce soit . Il m’a dit : « cette plante, tu n’as rien fait pour qu’elle pousse et tu t’y es attaché. Tu as eu pitié d’elle. Et, moi qui suis Dieu, je ne devrais pas avoir pitié de ces gens de Ninive qui sont plus de 100’000 et je ne compte pas tous les animaux ? » Je suis resté sans voix et Dieu s’est tu aussi.

Soudain, j’ai réalisé que Dieu allait considérer que j’avais réussi ma mission. Alors, je suis parti en courant. Des fois qu’il me demande d’aller je ne sais où pour une nouvelle mission.

Message (Luc Nirina Ramoni)

Lorsque je me suis demandé ce que j’aurais envie de vous raconter ce matin lors de ce culte d’adieux

J’ai tout de suite pensé au thème du voyage …

On l’a entendu tout à l’heure, il y a plusieurs raisons de voyager : pour des vacances, avec le but de se ressourcer, et de revenir ensuite … ou partir vivre ailleurs, pour longtemps ou pour toujours, s’installer, vivre dans d’autres conditions que celles qui nous étaient familières, manger une autre nourriture …

Dans la Bible on ne parle pas tellement de prendre des vacances … mais il y a plusieurs personnes qui voyagent … ou qui doivent prendre la route …

Adam et Ève … chassés du paradis

Abram … va vers ce pays que je te montrerai

Moïse … va délivrer mon peuple

Ruth … qui dit à sa belle-mère : j’irai là où du iras …

Marie, Joseph et Jésus : allez en Égypte vous mettre à l’abri

On raconte beaucoup les voyages missionnaires de Paul

Sans parler de tous les déplacements que Jésus a faits lui-même, entrainant à sa suite les foules …

Et puis je me suis arrêté sur Jonas

Un livre de la Bible bien connu, notamment des enfants à cause du grand poisson … un livre biblique pas encore assez connu pourtant : ce qui se passe avec les habitants de Ninive, ce qui se passe aussi avec la plante … c’est déjà un peu moins connu … mais vous avez entendu le récit que Daniel en a fait … c’est passionnant !

Et donc je vous encourage à y aller voir par vous-mêmes, dans ces 4 chapitres de Jonas, c’est très vite lu, et plein de choses à raconter !

Le livre de Jonas, en fait, c’est une grande parabole … il semble bien que jamais ce prophète n’ait existé …

Et donc à partir de là, on peut lire ce récit comme une manière de raconter ce qu’est la vie …

La vie est un voyage …

De la naissance à la mort, combien de vies vivons-nous ?

Même si nous ne déménageons pas, l’évolution de notre corps fait que nos conditions de vie changent …

Nous ne supportons pas forcément les mêmes choses à toutes les étapes

Et donc nous devons parfois changer notre manière d’agir dans ce monde

La vie est un voyage : nous découvrons, parfois à nos dépens, de nouveaux paysages

Typiquement on peut entendre des parents avertir leurs enfants : tu verras quand tu seras grand …

Et on peut entendre de jeunes adultes dire en parlant de leurs années précédentes : qu’est-ce que j’étais bête … je pensais que j’avais déjà tout compris

Mon beau-père qui vient de fêter son anniversaire ces jours me disait : ma vie commence à 90 ans …

Dans le livre de Jonas on observe ces changements

Jonas part en voyage, oui bien sûr

Mais dans l’épisode avec les marins, ceux-ci changent

Dans la rencontre avec les gens de Ninive, ceux-ci changent

Jonas lui-même change, il n’est pas le même au début et à la fin de l’histoire

Et c’est bien le voyage qui permet tout cela, le fait que quelque chose change

La vie est un voyage …

Dieu nous envoie

Pour ce 2e point de mon message aujourd’hui je vais plutôt me base sur le livre de Jonas

Dire que Dieu nous envoie

Accepter l’idée que c’est Dieu qui nous envoie, ce n’est pas si facile que ça

Un peu pour la blague : il n’y a qu’à voir les débats que la 6e demande du Notre Père suscite : ne nous laisse pas entrer en tentation …

On est d’accord que Dieu nous envoie tant que tout va bien

Mais dans la vie, on le sait, tout ne va pas bien

Les changements que nous rencontrons dans nos parcours de vie ne sont pas tous des vacances et du repos

Et alors parfois c’est dur de dire : oui, c’est Dieu qui me fait passer par ici …

C’est de l’ordre de la foi, ça vous appartient … alors je vais simplement tenter de parler de Jonas

Ce qui est le plus clair dans le récit

C’est que Dieu lui donne une mission : va à Ninive …

Alors il y a plusieurs choses à dire à partir de là …

Et d’abord se demander si à nous aussi il nous a été donné une mission …

À nouveau je pense que c’est à chacune et chacun de répondre

Mais on peut relier cette question de la mission

À la question du sens de la vie :

Est-ce que j’ai quelque chose de spécial à faire dans ce monde ? qu’est-ce que c’est pour moi, Ninive ?

Si Dieu est mon créateur, pourquoi m’a t’il créé ?

On va revenir un peu plus tard sur cette question par rapport à Jonas …

Mais ça me semble important de mentionner ici le 2e côté de la médaille …

Jonas a reçu une mission … et peut-être que nous en avons reçu une, nous aussi

Mais surtout il y a des gens qui ont bénéficié de la mission de Jonas, tout au long de son parcours … les marins … les gens de Ninive

Enfin, et avant de revenir sur Jonas et la nature de sa mission

Il faut reconnaître en fait que ce qui est la cause de tous les changements qui arrivent dans cette histoire, c’est la rencontre avec Dieu

C’est bien Dieu qui envoie Jonas en mission

C’est bien parce qu’ils reconnaissent l’action de Dieu que ça peut provoquer des changements chez les marins

Et c’est bien aussi un message de la part de Dieu qui conduit à la conversion des gens de Ninive

La rencontre avec Dieu, c’est ça qui provoque un changement

Mais peut-être que c’est une affirmation à expliquer … et j’en arrive au 3e point de mon message …

La vie est un voyage …

Dieu nous envoie

Mais Dieu ne nous envoie pas toujours là où nous le souhaiterions

Pour ce qui est de Jonas, c’est tout à fait clair : il ne veut pas aller à Ninive

Et ce qui est tout à fait clair, il ne veut pas aller à Ninive parce qu’il sait qui est Dieu

Dieu est bon, il le sait

Mais avec les ninivites, Jonas ne veut pas que Dieu soit bon

Et il ne veut pas être l’instrument de la bonté de Dieu pour les ninivites

En fait, pour le dire de manière encore un peu plus pointue : Jonas sait que Dieu est bon, et il ne veut pas que ça le force à être bon, lui aussi …

Jonas préfère garder ses convictions vis-à-vis des habitants de Ninive

Il préfère alors refuser la mission, aller même jusqu’à se perdre, pour garder ses convictions …

Il y aurait tellement de choses à dire à ce stade du message

Sur toutes les difficultés que nous rencontrons en chemin

Sur toutes ces difficultés qui peuvent bien souvent nous confirmer que Dieu n’est pas si bon que cela malgré la foi que nous aimerions avoir en lui …

À nouveau, chacune et chacun a son parcours et il appartient à chaque personne de regarder ce qui se passe et de comprendre

je ne peux que rappeler que, dans le récit de Jonas, les difficultés par lesquelles il passe lui-même sont autant d’occasions et de témoignages pour d’autres …

mais fondamentalement, Jonas est envoyé vers lui-même

il est envoyé à la rencontre de sa propre idée de Dieu

il est obligé de comprendre en profondeur comment Dieu peut être bon

La vie est un voyage …

Dieu nous envoie

Mais Dieu ne nous envoie pas toujours là où nous le souhaiterions

Par contre Dieu se soucie de nous, il se soucie de tous

Au fond, la bonté de Dieu, Jonas l’expérimente lui-même tout au long du récit, et notamment dans l’épisode du gros poisson …

Et lorsque Jonas, sauvé par le poisson, se met à prier et à louer Dieu dans son ventre, le lecteur pourrait se dire : c’est bon ! il a compris …

Mais en fait pas du tout !

Ou pas complètement …

Jonas va bien aller à Ninive ensuite, il va bien, dans un sens, obéir à la demande de Dieu … mais il va continuer d’espérer et d’attendre la destruction de la ville : Dieu avait été bon avec lui … mais il ne pouvait pas être bon aussi avec les gens de Ninive : s’il était avec lui, il était forcément contre les autres !

Et dans la vie c’est souvent ainsi que ça fonctionne : nous prenons conscience de quelque chose

Et puis nous revenons en arrière … les doutes s’installent … les questions reviennent … notre naturel revient au 1er plan … et il nous faut du temps, des aller-retours de pensées, pour évoluer, accepter, changer en profondeur …

Ce qui est clair, dans le récit de Jonas, c’est que Dieu s’occupe de lui …

Bien mieux : alors que peut-être nous pensions que c’était la mission de convertir les gens de Ninive qui était la raison d’être de ce récit, nous nous rendons compte que tout est fait autour de Jonas : tout ce qui se passe, c’est pour lui, et uniquement pour lui …

Ne soyons pas trop égocentriques quand même, mais peut-être que c’est quelque chose à nous souvenir : Dieu s’occupe personnellement de nous … Dieu prend soin de nous aussi bien que des autres …

Dans une des BD d’Alain Auderset, l’histoire de Robi, Alain dessine cette affirmation de manière très touchante. Robi parvient dans la maison de son créateur et il y découvre, dans la cuisine, le frigo sur lequel il y a les images de toutes ses activités, depuis ses premiers pas jusqu’à maintenant …

La vie est un voyage …

Dieu nous envoie

Mais Dieu ne nous envoie pas toujours là où nous le souhaiterions

Par contre Dieu se soucie de nous, il se soucie de tous

Sachons mettre cet amour à notre profit

Oui, Dieu se préoccupe de nous

Aussi bien qu’il se préoccupe de tout être vivant …

Peut-être bien que c’est une souffrance pour nous, lorsque le malheur nous frappe, d’imaginer que la grâce de Dieu n’est pas pour nous

Peut-être bien que c’est une souffrance pour nous de comprendre que Dieu veut notre malheur lorsqu’un événement malheureux frappe l’un ou l’une de nos proches

Mais vraiment je pense que notre espérance est dans un Dieu qui est bon

Un Dieu qui veut la justice

Un Dieu qui sait maîtriser le mal

Un Dieu qui peut se retenir de se venger

Au contraire un Dieu qui pardonne et qui accompagne …

Allons-nous tenir fièrement nos positions ?

Allons-nous refuser de recevoir la grâce de Dieu parce que nous ne serions pas capables de voir Dieu agir pour nous ?

Allons-nous continuer de nier Dieu lorsqu’il nous enverrait régulièrement des gros poissons ?

Et surtout : est-ce que cela sera pour nous une excuse pour être méchants nous-mêmes ?

Affirmer que Dieu est injuste, est-ce que ça va justifier notre injustice ?

Je pense que le contraire est vrai :

Soyons bons parce que nous croyons que Dieu est bon !

Soyons compatissants parce que nous espérons en la compassion de Dieu …

Parce que c’est sans doute ça, la mission que Dieu nous confie

Pour que quelque chose change !

Amen

Prions ensemble :

Notre Dieu, nos vies sont limitées et il est bien qu’il en soit ainsi.

Nous avons un caractère, parfois changeant au gré des circonstances …

Nous n’exerçons souvent qu’un métier, et pourtant tellement d’expériences et de compétences.

Nous n’avons souvent qu’une nationalité, héritée de nos parents, mais cela n’empêche pas de nous sentir relié·e·s à d’autres régions …

Nous avons notre propre foi, celle d’une religion, mais avec en même temps tellement de nuances …

Apprends-nous à reconnaître nos origines, afin que nous soyons des arbres plantés, plutôt que des girouettes agitées par les vents.

Mais qui dit origines dit parfois aussi frontières, les frontières des autres et de toi, les frontières des nations et des cultures, des classes et des peuples, les frontières de la foi et de l’incroyance.

Notre Dieu, sans renier nos origines, nous voudrions aussi pouvoir franchir nos frontières, pour vivre le voyage, l’échange et la communion. Nous voudrions reconnaître l’étendue des nuances que nous portons, comprendre ce que notre formation ne nous donne pas à saisir, faire ce que nos habitudes oublient.

Nous voudrions faire comme toi, qui es le Dieu qui n’as pas de barrières, qui vas et envoie jusqu’aux extrémités de la terre. Nous voudrions franchir nos frontières avec toi.

Donne-nous ainsi de nous transporter aventureusement.

Donne-nous d’aller, là où nous nous raidissons, d’aimer, là où nous nous refusons.

Donne-nous la force et la joie de franchir l’infranchissable de chacune de nos vies.

Donne-nous comme Jonas de découvrir à quel point il est bon que tu nous aimes !

Nous te le demandons au nom de Jésus, ton fils, notre Sauveur

Amen

Notre Père qui es aux cieux

que ton nom soit sanctifié,

que ton règne vienne,

que ta volonté soit faite

sur la terre comme au ciel …

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.

Pardonne-nous nos offenses

comme nous pardonnons aussi

à ceux qui nous ont offensés,

et ne nous laisse pas entrer en tentation,

mais délivre-nous du mal,

car c’est à toi qu’appartiennent

le règne, la puissance et la gloire,

pour les siècles des siècles.

Amen

Envoi

Que le Seigneur,

qui chemine avec chacun et chacune d’entre nous,

bénisse nos voyages

sur ces routes

que nous n’avions jamais prévu de prendre.

Que sa sagesse surprenante nous éclaire,

de sorte que nous découvrions

que nous nous y trouvons, guidés et aimés par le Seigneur.

Amen

Merci d’avoir participé, de cœur et de lecture, à ce moment de culte : bonne journée !