Les textes de ce culte ont été utilisés dimanche 2 juillet dans l’église de Nidau (culte par Luc N. Ramoni). Qu’ils puissent vous inspirer aussi !
Capitule du jour
Le Fils reflète la splendeur de la gloire divine, il est l’expression même de ce que Dieu est, il soutient toutes choses par sa parole puissante (Hébreux 1, 3)
Psaume 38
Seigneur, tu es fâché contre moi, mais ne me condamne pas ; tu es indigné contre moi, mais renonce à me punir.
Je suis la cible de tes flèches, ta main s’est abattue sur moi.
Plus rien n’est intact en mon corps : c’est l’effet de ta sévérité. Plus rien n’est en bon état dans mes os : c’est le résultat de ma faute.
Mes torts s’entassent plus haut que ma tête, ils pèsent sur moi comme un fardeau trop lourd.
Mes plaies sentent mauvais, elles pourrissent : c’est le résultat de ma stupidité.
Je suis abattu, accablé à l’extrême, je passe mes journées dans le deuil.
Je sens une brûlure dans mes reins, plus rien n’est intact en mon corps.
Je suis sans force, complètement fourbu, mon cœur m’arrache des gémissements.
Seigneur, tu vois bien ce que je désire, tu n’ignores rien de mes soupirs.
J’ai le cœur battant, mes forces m’abandonnent, mes yeux n’ont plus la moindre étincelle de vie.
Mes amis, mes compagnons se tiennent à l’écart de mes tourments ; mes proches restent à distance.
Les personnes qui souhaitent ma mort me tendent des pièges ; ceux qui désirent mon malheur parlent pour me nuire et passent leur temps à me calomnier.
Mais moi, je fais le sourd, je n’écoute pas ; comme si j’étais muet, je ne souffle mot.
Comme celui qui n’entend pas, je ne réplique rien.
Vers toi, Seigneur, je me tourne avec espoir, j’attends ta réponse, Seigneur mon Dieu !
Je te l’ai demandé, en effet : empêche-les de s’amuser à mes dépens, de prendre un air supérieur devant moi quand je fais un faux pas.
Je suis bien près de m’évanouir, je souffre sans cesse.
Oui, j’avoue mes torts, je reste angoissé par ma faute.
Mes ennemis sont bien vivants et puissants ; ils sont nombreux à m’en vouloir sans raison.
Ils me rendent le mal pour le bien, ils s’opposent à moi parce que je recherche le bien.
Seigneur, ne m’abandonne pas ; mon Dieu, ne reste pas loin de moi !
Viens vite à mon secours, Seigneur, mon sauveur !
Matthieu 10, 26-33
Jésus parle des personnes qui persécuteront les chrétiennes et les chrétiens à cause de leur foi :
Ne craignez pas ces gens-là. Tout ce qui est caché sera découvert, et ce qui est secret sera connu.
Ce que je vous dis dans l’obscurité, répétez-le à la lumière du jour ; et ce que l’on chuchote à votre oreille, criez-le du haut des toits.
Ne craignez pas ceux qui tuent le corps mais qui ne peuvent pas tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr à la fois le corps et l’âme dans l’enfer.
Ne vend-on pas deux moineaux pour un sou ? Cependant, aucun d’eux ne tombe à terre sans votre Père.
Quant à vous, même les cheveux de votre tête sont tous comptés.
N’ayez donc pas peur : vous valez plus que beaucoup de moineaux !
Celui qui se déclare publiquement pour moi, je me déclarerai aussi pour lui devant mon Père qui est dans les cieux ; mais si quelqu’un affirme publiquement ne pas me connaître, j’affirmerai moi aussi devant mon Père qui est dans les cieux ne pas le connaître.
Message
Pour ce dernier culte pour moi comme pasteur de Nidau, je me suis dit, avec ce texte du jour, que c’était l’occasion de rappeler les cinq principes fondateurs de la foi réformée : l’écriture seule, Christ seul, la foi seule, la grâce seule, à Dieu soit la gloire.
C’est l’occasion de se rappeler à s’attacher au Christ de rendre gloire à Dieu, Père, Fils et Esprit. Nous cherchons à vivre de l’Évangile, nous cherchons à être fidèles à son message de vie. Comme Luther et les autres réformateurs à sa suite, nous voulons revenir ensemble à la source, puiser à cet Évangile qui nous fait vivre et en partager l’infinie richesse.
Cet Évangile, c’est l’Évangile de la grâce. Oui, l’Évangile n’est pas d’abord un dogme, une définition de la foi, mais bien une puissance à l’œuvre dans ce monde, une puissance bénéfique, en faveur de tous. Une parole qui est une puissance libératrice, qui dit non à toute forme d’enfermement, d’aliénation. Une parole de vie qui édifie, qui fait être, qui crée du neuf. Une parole créatrice qui fait advenir l’impossible, l’inouï ; là où tout semble perdu et inespéré, tout espoir est permis, tout peut changer et la vie peut rejaillir à nouveau. Oui, l’Évangile de Jésus Christ libère le croyant ; il le délivre du joug de l’obligation, par une institution religieuse, du croire et du faire, il le délivre de l’obligation de l’obéissance aux lois de l’Église et de ses usages, et il lui donne définitivement la joie d’une tranquille liberté. Et, c’est toujours une parole qui nous précède et Luther appelé, convoqué, saisi par cette parole a fait l’expérience d’une découverte, d’une libération. Et on peut se rappeler cette déclaration de Luther du 18 avril 1521 à la diète de Worms qui marque le point de rupture avec Rome : « à moins d’être convaincu par le témoignage de l’Écriture et par des raisons évidentes – car je ne crois à l’infaillibilité du pape, ni à celles des conciles, puisqu’il est établi qu’ils se sont souvent trompés et contredits – je suis lié par les textes bibliques que j’ai cités. Tant que ma conscience est captive de la parole de Dieu, je ne puis ni ne veux rétracter car il n’est ni sûr, ni salutaire d’agir contre sa conscience. Que Dieu me soit en aide. »
Admirable audace de Luther qui a su dire non face à la puissante église catholique emmurée dans le carcan de la tradition, plus préoccupée par les biens matériels que par l’annonce de l’évangile. Par la Parole et au nom de la liberté chrétienne, Luther a compris qu’on ne peut acheter, ni marchander la grâce de Dieu. Ce n’est pas à cause de nos œuvres ou de ce que nous sommes que Dieu nous aime ou nous accepte. Le oui de Dieu à l’humain est définitif, il nous aime sans condition et sans retour. Dieu n’est pas cette caricature qu’on présente souvent, il n’est pas un marionnettiste qui jouerai avec notre existence, nous ne sommes pas des pions qu’il manipule : nous sommes ses enfants, il veut que nous ayons une vie digne et juste, il veut notre joie et notre bonheur.
Assurément, Dieu veut que nous soyons heureux, mais il sait aussi que nous vivons dans un monde complexe, parfois hostile et menaçant. Et il nous donne la possibilité de faire face et d’affronter les différentes tempêtes de la vie. Il nous offre sa présence et son soutien, quels que soient nos nuits, nos déserts ; il nous conduit vers la clarté du matin.
Nous traversons, aujourd’hui, des temps difficiles, nous vivons dans l’incertitude, dans la peur ; personne ne peut dire ce qui se passera demain. Faut-il alors abandonner tout espoir, tout laisser tomber et laisser venir les choses en disant qui vivra verra ?
Au chapitre 10 de son évangile, l’évangéliste Matthieu raconte que les disciples ont dû traverser des moments difficiles au début de leur ministère. Jésus envoie ses disciples en mission pour annoncer la Bonne nouvelle. Il les prévient que ça ne va pas être une partie de plaisir, qu’ils vont être persécutés, rejetés, haïs : «Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups» (Matthieu 10, 16). Leur mission ne sera pas de tout repos, il y aura des oppositions, et des résistances, il y aura de la violence même. Mais Jésus leur dit : ne craignez pas, n’ayez pas peur !
Ne pas avoir peur ? Dans la Bible les hommes ont toujours eu peur, peur de perdre leur vie, peur de manquer, peur du lendemain. Et ce n’est pas pour rien si cette expression « n’ayez pas peur » revient 365 fois dans la Bible, c’est tous les jours qu’il faut l’entendre.
C’est vrai, la peur est une réalité que nous connaissons dès notre enfance, qui est naturelle chez l’être humain. C’est une réaction à une menace contre notre vie, la réponse à un danger réel ou présumé : du danger le plus grand qui est celui de la mort aux dangers particuliers qui menacent notre tranquillité, notre confort, notre sécurité physique ou notre monde affectif.
Mais la peur nous paralyse et nous empêche de vivre, elle nous bloque, elle nous rend la vie plus difficile, nous empêche d’avancer, elle provoque aussi des réactions violentes. Jésus dit à ses disciples à quatre reprises de ne pas craindre.
N’ayez crainte, tout ce qui est caché sera découvert, tout ce qui est secret sera connu. Dieu ne veut pas jouer avec nos nerfs avec nos angoisses, au contraire, il veut nous en libérer. Il ne veut pas être pour nous un inconnu mais que chacun de nous, dans la relation ouverte et claire à Lui, puisse ne plus avoir peur.
Jésus poursuit : ce qui est dit dans l’obscurité, répétez-le à la lumière du jour : il parle de l’Évangile, il n’est pas à cacher, il ne doit pas faire peur, au contraire, il est une bonne nouvelle, à répandre, car il efface toute peur, toute angoisse.
À celles et ceux qui sont paralysé·e·s par la peur, Jésus dit comme il l’a dit au paralysé physique : lève-toi, et remets-toi en marche. À celles et ceux qui, par peur des autres, de la vie, s’enferment chez eux, n’osent plus sortir, ceux qui se terrent, qui s’enterrent au sens propre, Jésus leur dit comme il l’a dit à Lazare : réveille-toi.
Ah ! Luther aussi a été un grand peureux. Il raconte qu’en 1505, revenant seul de la ville de Mansfeld vers celle d’Erfurt, il a été surpris par un orage violent et il a fait ce vœu : «Sainte-Anne, si tu m’aides, je deviendrai moine». 15 jours plus tard il entrait au couvent. C’est la peur qui l’a fait entrer dans les ordres. Au couvent il a aussi connu un drame intérieur : une angoisse intenable le saisissait : le problème de son salut. Il cherchait à force de prières, de piété, de lectures, de veilles, de jeûnes à gagner son salut, mais rien n’y faisait, la perfection restait toujours hors d’atteinte, l’angoisse omniprésente, il se savait ou se croyait condamné.
Et c’est là au cœur de ses peurs que survint la révélation, la libération, dans sa lecture de l’épître aux Romains il écrit : « Car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu ; et ils sont gratuitement justifiés par sa grâce. Ainsi, Dieu accordait le pardon sans condition, par pure grâce et je ne le savais pas. » C’est de là qu’est née l’essence de notre foi protestante. Libéré de la paralysie de la peur, il ne craignait plus de se tromper, ni les foudres des autorités romaines, ni de se retrouver peut-être seul et abandonné …
Chères amies, chers amis, contre toutes les peurs il existe une potion, elle s’appelle la confiance, qui n’est rien d’autre que la foi, non en ce qui est ici-bas, qui passe et qui est fragile mais en celui qui a connu la peur et la mort et n’a pas reculé. Il n’a pas répondu la peur par la peur, et même la mort n’a pas su le paralyser. Aujourd’hui, le Christ nous appelle à répandre la parole de Dieu au grand jour. Comme il dit, ce qui était voilé est dévoilé, ce qui nous est dit nous le crions par toute la terre. Telle est notre vocation. Cessons tout simplement de nous inquiéter et d’avoir peur, notre vie est entre ses mains.
Amen
Prions ensemble
Seigneur, nous voulons sincèrement que Jésus Christ soit tout pour nous, qu’il soit la ligne directrice de notre vie.
Mais nous avons peur des ruptures, nous redoutons les conflits et les séparations,
C’est pourquoi nous te prions ce matin : aide-nous à vivre devant toi, avec toi
les choix nécessaires,
les temps difficiles,
et les conflits et les séparations qui en résultent parfois.
Aide-nous à être clairvoyant dans nos décisions,
forts dans les difficultés et apprends-nous à pratiquer l’amour des ennemis dans nos conflits et nos séparations
Nous te remettons ce matin
Celles et ceux qui sont persécutés,
dans le monde à cause de leur foi.
Renouvelle leurs forces et leur courage pour qu’ils discernent ta volonté et témoignent de ta liberté et de ton amour pour tous dans leurs souffrances.
Au nom et pour l’amour du Christ,
Amen
Notre Père qui es aux cieux
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite
sur la terre comme au ciel …
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses
comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés,
et ne nous laisse pas entrer en tentation,
mais délivre-nous du mal,
car c’est à toi qu’appartiennent
le règne, la puissance et la gloire,
pour les siècles des siècles.
Amen
Merci de nous avoir lu jusqu’ici,
Soyez chacune et chacun béni·e·s
Et que la grâce et la paix, qui dépassent tout ce que nous pouvons en comprendre, gardent vos cœurs et vos pensées, dans le nom du Christ Jésus (Philippiens 4, 7)
Amen