à l’épiphanie, chacun.e a une chance de devenir roi, ou sage …

Dimanche 3 janvier 2021

Accueil 1 Jean 2, 8

C’est un commandement nouveau que je vous écris, dont la vérité se manifeste en Christ et en vous aussi. En effet, l’obscurité s’en va et la véritable lumière resplendit déjà.

Ephésiens 3, 2-6

Vous avez certainement entendu parler de la mission dont Dieu, dans sa bonté, m’a chargé en votre faveur.

Dieu m’a accordé une révélation pour me faire connaître son plan secret. J’ai écrit plus haut quelques mots à ce sujet et, en les lisant, vous pouvez comprendre à quel point je connais le secret qui concerne le Christ.

Dans les temps passés, ce secret n’a pas été communiqué aux humains, mais Dieu l’a révélé maintenant par son Esprit à ses saints apôtres et prophètes. Voici ce secret : par le moyen de la Bonne Nouvelle, les non-Juifs sont destinés à recevoir avec les Juifs les biens que Dieu réserve à son peuple, ils sont membres du même corps et bénéficient eux aussi de la promesse que Dieu a faite en Jésus-Christ.

Matthieu 2, 1-2. 9-12

Jésus naquit à Bethléem, en Judée, à l’époque où Hérode était roi. Après sa naissance, des savants, spécialistes des étoiles, vinrent d’Orient. Ils arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : « Où est l’enfant qui vient de naître, le roi des Juifs ? Nous avons vu son étoile apparaître en Orient et nous sommes venus l’adorer. »

[…]

Après avoir reçu ces instructions du roi, ils partirent. Ils virent alors l’étoile qu’ils avaient déjà remarquée en Orient : elle allait devant eux, et quand elle arriva au-dessus de l’endroit où se trouvait l’enfant, elle s’arrêta. Ils furent remplis d’une très grande joie en la voyant là. Ils entrèrent dans la maison et virent l’enfant avec sa mère, Marie. Ils se mirent à genoux pour adorer l’enfant ; puis ils ouvrirent leurs bagages et lui offrirent des cadeaux : de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Ensuite, Dieu les avertit dans un rêve de ne pas retourner auprès d’Hérode ; ils prirent alors un autre chemin pour rentrer dans leur pays.

Prédication de Luc N. Ramoni, pasteur

À chaque fois que je me replonge dans un texte biblique, je suis impressionné par la richesse de sens qu’il contient …

Et aujourd’hui, c’est cette histoire de la visite à Jésus par des savants spécialistes des étoiles qui nous occupe …

Cette histoire ne se retrouve que dans l’évangile de Matthieu,

chacun des évangiles dit les choses à sa manière : par exemple, il n’y a pas de récit de naissance chez Marc … le récit de la naissance chez Jean est assez spécial puisqu’il reprend des termes qu’on pourrait retrouver dans la Genèse … Luc et Matthieu racontent la naissance de Jésus, chacun à sa manière : Luc relate la visite de bergers … et Matthieu celle des rois mages …

bref … ce n’est pas pour dire que ces histoires sont fausses, ou pour remettre en question ce que les évangiles nous racontent, mais c’est pour inviter vraiment à voir le sens de ces histoires : pourquoi est-ce que cela nous est raconté ainsi … ?

et j’ajoute à la manière de Jacques Brel : parce que si c’était vrai, tout ce qu’ils nous racontent … ? et pourquoi pas après tout … ?

bref … il y a décidément beaucoup de sens à trouver dans ces récits de la Bible …

et le 1er des sens que j’avais envie de vous apporter aujourd’hui, avec ce récit des mages, c’est d’abord que

Dieu vient à notre rencontre

C’est évidemment assez logique de dire cela, mais jamais les sages venus d’Orient ne seraient venus voir Jésus le Roi des Juifs si celui-ci n’était pas né !

Je refais une petite parenthèse sur ces savants spécialistes des étoiles : la tradition au début du 3esiècle va les qualifier de ‘Rois’ ; Origène dira un peu plus tard qu’ils sont trois ; la tradition au 8esiècle va leur donner les noms de Melchior, Gaspard et Balthazar, et leur attribuer une origine sur 3 continents différents …

Mais dans le texte de Matthieu, nous savons qu’il y a 3 présents pour l’enfant, mais nous ne savons pas combien ils sont, ni de quelle origine ils sont, ni s’ils voyageaient à dos de dromadaires ou sur des ânes … si a fortiori leurs noms …

Bref : Dieu vient à notre rencontre …

À tout Seigneur tout honneur : il me semble que c’est vraiment la 1ère chose à dire ce matin … Matthieu nous rappelle dans son Évangile que Dieu a une longue histoire de relations avec le peuple d’Israël … c’est une histoire de famille qui remonte au roi David et qui remonte ensuite à Noé et donc à Adam et Eve … c’est une histoire de promesse, c’est une histoire de fidélité aussi à des paroles que Dieu a dites au peuple d’Israël, c’est une histoire dans laquelle Dieu a toujours pris l’initiative, une histoire dans laquelle Dieu Dieu est vraiment acteur, mais c’est aussi pour le peuple d’Israël une histoire d’attente : à la suite de la libération de l’esclavage en Égypte et depuis qu’ils sont dans le pays que Dieu leur a donné, depuis des siècles ils se retrouvent sous la domination de rois étrangers … actuellement ce sont les Romains … et là, après des siècles d’attente, quelque chose se passe : un enfant est né, et cet enfant est Celui que tout le monde attend : le Roi des Juifs … une étoile est apparue, un signe que les astronomes ont su décrypter … Il est né !

Dieu vient à notre rencontre, c’est la 1ère chose

Mais aussi : Dieu vient dans le dénuement

Dans l’évangile de Luc, cette précarité est racontée d’une autre manière, en disant qu’il n’y avait pas de place pour Marie et Joseph dans l’abri destiné aux voyageurs … et il raconte la grange, la paille, la visite des bergers …

Pour Matthieu, l’histoire prend une tournure politique : c’est l’histoire de la naissance d’un roi, que dis-je ? du vrai roi … et comme il est roi, et comme on sait bien, ou plutôt on pense bien savoir ce que c’est qu’un roi, il est évidemment perçu comme une menace au pouvoir déjà en place, celui d’Hérode en l’occurrence …

D’emblée la vie de Jésus est placée sous le signe de la fragilité : il n’est pas celui que des armées d’anges vont défendre contre la haine des femmes et des hommes ses semblables … non, ce petit homme va devoir faire ses preuves … et tout d’abord les sages, avertis en songes, ne vont pas retourner vers Hérode mais repartent dans leur pays par un autre chemin … ses parents vont devoir fuir, quitter Israël et trouver refuge à l’étranger, en Égypte … d’autres enfants de la région vont faire les frais de cette lutte politique … Jésus va passer quelques années à l’abri et rentrer, plus tard, à Jérusalem où il va grandir avant d’entamer son ministère …

Et le lecteur le sait bien : le royaume que Jésus inaugure n’est pas du même ordre que celui qu’Hérode redoute … le royaume que Jésus inaugure n’est d’ailleurs même pas du même ordre que celui que certains Juifs espèrent, eux qui subissent la domination de pouvoirs étrangers depuis des années …

Jésus vient comme un enfant, dans la fragilité, dans la simplicité

Et s’il vient dans la fragilité, on en arrive à la 3ème partie de ce message d’aujourd’hui, il est d’autant plus accessible à tous : il ne vient pas seulement pour les rois et les puissants, il ne vient pas pour celles et ceux qui se croient élus et à l’abri de toute chute, il vient aussi pour celles et ceux qui dans ce monde, ne comptent pas …

L’évangile de Luc le raconte à l’aide de son récit de l’annonce de la naissance aux bergers dans la campagne … et on pourrait croire peut-être que c’est un peu différent dans l’évangile de Matthieu, que celui-ci raconte autre chose : les mages venus d’Orient, ce n’est pas rien …

Mais comme je l’ai déjà dit, Matthieu place l’arrivée de ce roi dans un contexte politique : mais pas seulement par rapport à l’occupant romain que représente Hérode, mais aussi par rapport aux attentes du peuple Juif, désireux de voir l’un des leurs prendre les armes et libérer enfin de peuple d’Israël des occupants …

Ceux-ci non plus ne sauront pas reconnaître dans cet enfant né à Bethléem le fils de Dieu, le Messie …

Par contre les étrangers que représentent les mages, ou les bergers de l’évangile de Luc, eux, le pourront :

La bonne nouvelle, une bonne nouvelle transmise par la petite voix d’un enfant nouveau né, une bonne nouvelle qui ne devrait être menaçante pour personne, selon toute logique, cette bonne nouvelle de la présence de Dieu dans le monde remet pourtant en question les rois de ce monde, les puissants, mais aussi celles et ceux qui, jusqu’à présent, avaient l’impression d’avoir vraiment leur place dans le plan de salut de Dieu : on parle du peuple juif …

Et là, tout d’un coup, on se rend compte que toutes les certitudes vacillent, on se rend compte que l’annonce s’adresse aussi aux étrangers comme ces mages venus de loi, qu’elle s’adresse aux sans voix, aux sans-papiers peut-être, aux personnes marginalisées dans notre société, à celles et ceux dont on se méfie parce qu’elles ou ils ne sont pas comme nous, ne font pas les choses de la même manière que nous, n’ont pas les mêmes habitudes de vie que nous …

Et peut-être que c’est justement en cela que la bonne nouvelle est une menace, n’est-ce pas ?

Mais est-ce à raison ?

Est-ce que nous pourrions dire que c’est parce que l’annonce est faite même aux plus petits que les puissants et les nantis sont exclus de l’offre de salut ?

L’erreur de raisonnement se trouve là, et elle souligne nos propres réflexes …

Parce que la réponse à cette question est non ! Même si cette offre de salut par le Christ concerne aussi les plus pauvres, les plus faibles et les exclus, elle n’est pas, elle, exclusive … et c’est sans doute cela que nous avons le plus à apprendre dans nos comportement, et peut-être à corriger dans notre monde, dans nos églises et dans nos têtes : apprendre à ne pas faire de préférences, apprendre à ne pas aimer mieux ce qui est riche, beau, établi ou que sais-je … ?

Oui la bonne nouvelle du salut c’est la suivante :

En Jésus, Dieu est venu parmi nous

Il s’est fait accessible à tous

Lui est vraiment impartial : il ne préfère par les riches et les puissants aux pauvres et sans droits …

Il est venu pour que toute femme, tout homme qui croit en lui ne périsse point, mais ait la vie éternelle !

Amen

Bénédiction

La grâce et la paix, qui dépassent tout ce que nous pouvons en comprendre, gardent vos cœurs et vos pensées, dans le nom du Christ Jésus,

Amen