Et votre résurrection à vous?

Culte de Pâques proposé par Luc N. Ramoni, pasteur

Ce culte à l’église Saint-Étienne de Bienne commence toujours sur le parvis autour d’un feu … ensuite de quoi allumons le nouveau cierge pascal et nous entrons dans l’église pour proclamer la résurrection. Merci de partager aujourd’hui ce moment avec nous !

Luc N. Ramoni, pasteur

Autour du feu

Personne n’a jamais vu Dieu. Mais le Fils unique, qui est Dieu et qui vit dans l’intimité du Père, lui seul l’a fait connaître. (Apocalypse 1, 18)

Bonjour et bienvenue à chacun·e en cette heure matinale

Les oiseaux chantent depuis un bon moment déjà

Vous nous lisez aujourd’hui pour partager avec d’autres une bonne nouvelle !

La résurrection … c’est une idée qui vient de loin, une idée qui date même d’un temps où, dans le Judaïsme en tout cas, on considérait qu’après la mort il n’y avait rien, à l’époque où l’on considérait que les défunt·e·s entraient dans le shéol, un lieu d’où Dieu était absent, et qu’ils·elles y restaient jusqu’au jugement dernier …

Et pourtant, dans ce judaïsme-là, par exemple dans le livre du Prophète Ézéchiel au chapitre 37, on peut lire un récit comme celui-ci :

Ezéchiel 37, 1-10

La puissance du Seigneur s’empara de moi ; son Esprit m’emmena et me déposa dans une large vallée couverte d’ossements.

Le Seigneur me fit circuler partout parmi eux, dans cette vallée : ils étaient très nombreux et complètement desséchés.

Alors le Seigneur me demanda : « Fils d’Adam, dis-moi, ces ossements peuvent-ils reprendre vie ? » Je répondis : « Seigneur Dieu, c’est toi seul qui le sais. »

Il reprit : « Parle en prophète à ces ossements, dis-leur : Ossements desséchés, écoutez !

Voici ce que le Seigneur Dieu vous déclare : Je ferai venir en vous un souffle, et vous reprendrez vie. Je mettrai sur vous des nerfs, je ferai croître de la chair et je vous recouvrirai de peau ; puis je vous rendrai le souffle pour que vous repreniez vie. Vous saurez alors que je suis le Seigneur. »

Je parlai en tant que prophète aux ossements comme le Seigneur m’en avait donné l’ordre. Tandis que je parlais, il y eut un bruit et une grande secousse : les os se rapprochaient les uns des autres, chacun s’articulant avec celui qui lui correspondait. Je vis que des nerfs et de la chair se formaient sur eux et qu’ils se recouvraient de peau. Mais ils étaient encore inanimés.

Le Seigneur me dit alors : « Fils d’Adam, parle en prophète au souffle de vie, oui, parle-lui de ma part, et dis-lui : “Souffle de vie, le Seigneur te donne l’ordre de venir de tous les points de l’horizon et de souffler sur ces cadavres afin qu’ils reprennent vie.” »

Je parlai en tant que prophète comme le Seigneur me l’avait ordonné. Le souffle de vie entra dans les cadavres qui reprirent vie. Ils se dressèrent sur leurs pieds. Ils formaient une nombreuse, une très nombreuse armée.

Quelques mots de commentaire par rapport à ce récit étonnant, étonnant puisque, comme je l’ai dit, il a été écrit bien avant que le judaïsme commence à imaginer une possibilité de résurrection après la vie …

Il y a plusieurs choses

D’abord, s’il y a dans cette vallée des ossements, c’est qu’il a dû se passer quelque chose de terrible

Assez terrible pour qu’on ne puisse pas enterrer les corps dignement, comme c’était la coutume à l’époque …

La deuxième chose, qui peut paraître étonnante, c’est qu’on parle bien ici de résurrection de la chair : pas seulement d’une vie spirituelle, bienheureuse, sans douleurs, sons soucis dans la lumière de Dieu

Mais bien d’une vie retrouvée, une vie reconstruite, des corps désassemblés qui sont réassemblés, des membres ressoudés les uns aux autres auxquels Dieu rend leur fonction … des parties d’humains des parties qui étaient mortes qui retrouvent une vie …

Le dernier élément que j’ai envie de souligner, c’est que ces humains qui reprennent vie forment une armée …

Et nous avons chez Ézéchiel en somme l’explication de la raison pour laquelle ces ossements étaient restés sur cette plaine, peut-être une malédiction voulue par les vainqueurs de la bataille contre leurs adversaires …

Mais du coup, cette armée maudite du livre d’Ézéchiel me fait penser aujourd’hui à toutes les victimes anonymes de conflits à travers le monde … on pense bien sûr au conflit en Ukraine, mais il y en a d’autres en Afrique, au Moyen Orient, en Amérique du Sud … partout sur le globe il y a des personnes, qu’elles soient militaires ou civiles, qui meurent parfois anonymement, et dont on ne retrouve par l’identité, même si les progrès en matière de reconnaissance des corps fait chaque jour des progrès …

Eh bien oui, nous pouvons entendre l’histoire du livre d’Ézéchiel comme une promesse de Dieu d’une résurrection des corps, d’une réhabilitation de ces victimes anonymes,

Et nous pouvons aussi écouter ce texte comme une invitation à faire mémoire de ces victimes, comme nous pouvons faire mémoire des victimes de la shoah ou d’autres conflits à d’autres époques, une invitation à ne pas oublier les victimes de ces exactions commises contre des humains comme nous, une invitation à maintenir vivante en nous notre part d’humanité à l’égard de ces victimes …

Une invitation finalement, à rendre à nos corps trop souvent insensibles et morts, leur chair et leurs sens …

On est loin, bien sûr, du paradis bienheureux et sans souffrance, mais on est dans une humanité que Dieu veut restaurer et dont il veut prendre soin …

C’est avec cette idée que je voulais ouvrir cette célébration de l’aube pascale … Dieu est le maître de la vie, Dieu aime notre humanité, et c’est dans notre humanité par la vie, la mort et la résurrection du Christ qu’Il s’est vraiment révélé …

Je vous invite à chanter un petit moment le chant de Taizé « La ténèbre n’est point ténèbre » dont les paroles sont ci-dessous :

La ténèbre n’est point ténèbre

Devant toi la nuit comme le jour est lumière

Rappel de vendredi saint

Dieu est le maître de la vie, Dieu aime notre humanité, et c’est dans notre humanité par la vie, la mort et la résurrection du Christ qu’Il s’est vraiment révélé …

Vendredi Saint, c’était avant-hier, c’est ce jour où nous nous sommes rappelés de la manière dont le Christ est mort sur la croix … de dernier repas de la Pâque qu’il a passé avec ses disciples … l’institution de la cène … les histoires de trahison : à table, alors qu’il désignait Juda qui allait le vendre aux Romains, mais aussi à Getsémané alors qu’il demandait à ses disciples de veiller et prier avec lui, et que ceux-ci s’endormaient, et encore dans la cour d’Hérode, quand Pierre l’avait renié 3x avant que le coq ne chante …

Mais Vendredi Saint, c’est cette histoire racontée par Ézéchiel, cette histoire de squelettes dispersés dans la plaine, ces morts maudits par leurs adversaires …

Et Vendredi Saint, c’est à chaque fois que nous-mêmes nous passons par une douloureuse épreuve, un décès, la perte de quelque chose de très important pour nous, une injustice, un conflit avec quelqu’un d’autre, un changement de travail, ou même un déménagement …

Suivant la situation, elle peut se prolonger, et l’on peut se demander comment elle pourrait arriver à sa fin … et dans le moment de l’épreuve il y a des doutes, il y a des douleurs, il y a peut-être des envies d’en finir …

Mais elle doit venir la fin … et elle vient tôt ou tard, d’une manière attendue ou totalement imprévisible, mais elle vient : la découverte du tombeau vide

Les tendons, les nerfs, la chair qui recouvrent les os et ressoudent les corps

La guérison, la libération, un sens à la vie retrouvé, la paix

Il doit venir, il vient tôt ou tard, ce moment où l’on peut s’écrier avec les témoins de tous les temps :

Le Christ est ressuscité !

Il est vraiment ressuscité !

Partageons une confession de foi

Nous croyons en Dieu,

le Père qui a créé le monde entier,

qui réunira toutes choses,

et qui veut que tous les hommes vivent ensemble,

comme des frères en une même famille.

Nous croyons en Dieu,

le Fils qui s’est fait homme,

qui est mort et qui est ressuscité en gloire,

réconciliant le monde entier avec Dieu,

renversant tous les murs qui séparent les hommes,

toutes les barrières de religion, de classe, de race et de culture,

afin de créer une humanité unie.

Il est l’unique Seigneur qui a autorité sur tout.

Il appelle chaque homme et la société, l’Église et l’État,

à la réconciliation, à l’unité, à la justice et la liberté.

Nous croyons en Dieu, l’Esprit

qui est la promesse du royaume de Dieu qui vient,

qui nous donne le pouvoir d’annoncer le jugement de Dieu

et son pardon pour les hommes et les nations,

d’aimer et de servir tous les hommes,

de lutter pour la justice et la paix

et d’appeler le monde entier à reconnaître,

ici et maintenant, le règne de Dieu.

Amen.

Colossiens 3, 1-4

Vous avez été ramenés de la mort à la vie avec le Christ. Alors, recherchez les choses qui sont au ciel, là où le Christ siège à la droite de Dieu. Préoccupez-vous de ce qui est là-haut et non de ce qui est sur la terre. Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. Votre véritable vie, c’est le Christ, et quand il paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui en participant à sa gloire.

Jean 20, 1-18

Tôt le dimanche matin, alors qu’il faisait encore nuit, Marie de Magdala se rendit au tombeau. Elle vit que la pierre avait été ôtée de l’entrée du tombeau. Elle courut alors trouver Simon Pierre et l’autre disciple, celui qu’aimait Jésus, et leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a mis. »

Pierre et l’autre disciple partirent et se rendirent au tombeau. Ils couraient tous les deux ; mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. Il se baissa pour regarder et vit les bandes de lin posées à terre, mais il n’entra pas. Simon Pierre, qui le suivait, arriva à son tour et entra dans le tombeau. Il vit les bandes de lin posées à terre et aussi le linge qui avait recouvert la tête de Jésus ; ce linge n’était pas avec les bandes de lin, mais il était enroulé à part, à une autre place. Alors, l’autre disciple, celui qui était arrivé le premier au tombeau, entra aussi. Il vit et il crut. En effet, jusqu’à ce moment les disciples n’avaient pas compris l’Écriture qui annonce que Jésus devait se relever d’entre les morts. Puis les deux disciples s’en retournèrent chez eux.

Marie se tenait près du tombeau, dehors, et pleurait. Tandis qu’elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le tombeau ; elle vit deux anges en vêtements blancs assis à l’endroit où avait reposé le corps de Jésus, l’un à la place de la tête et l’autre à la place des pieds.

Les anges lui demandèrent : « Pourquoi pleures-tu ? » Elle leur répondit : « On a enlevé mon Seigneur, et je ne sais pas où on l’a mis. »

Cela dit, elle se retourna et vit Jésus qui se tenait là, mais sans se rendre compte que c’était lui. Jésus lui demanda : « Pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ? »

Elle pensa que c’était le jardinier, c’est pourquoi elle lui dit : « Si c’est toi qui l’as emporté, dis-moi où tu l’as mis, et j’irai le reprendre. » Jésus lui dit : « Marie ! »

Elle se tourna vers lui et lui dit en hébreu : « Rabbouni ! » — ce qui signifie « Maître » —.

Jésus lui dit : « Ne me retiens pas, car je ne suis pas encore monté vers le Père. Mais va dire à mes frères que je monte vers mon Père qui est aussi votre Père, vers mon Dieu qui est aussi votre Dieu. » Alors, Marie de Magdala se rendit auprès des disciples et leur annonça : « J’ai vu le Seigneur ! » Et elle leur raconta ce qu’il lui avait dit.

Prédication

Ce dont j’ai envie de parler aujourd’hui, par rapport à Marie de Magdala, par rapport à Simon Pierre et à l’autre disciple, c’est de leur incompréhension …

En somme, si on lit bien le récit, nous avons d’une part l’histoire de Marie de Magdala et d’autre part, insérée dans ce premier volet du récit, l’histoire de la découverte du tombeau vide par Simon Pierre et le disciple de Jésus aimait …

Et en son centre, et à la fin, il y a de la foi, il y a la bonne nouvelle, il y a de la joie … !

Mais tout d’abord, avant cette joie, avant la compréhension des Écritures ou la rencontre personnelle avec le Ressuscité, il y a beaucoup d’incompréhensions, beaucoup de peurs, de colère peut-être, beaucoup de choses qui empêchent la joie d’éclater …

Parce que la situation qu’ils découvrent en arrivant au tombeau leur échappe complètement et ils ne peuvent tout simplement pas comprendre ce qui se passe, malgré tout ce qu’ils ont pu partager avec Jésus, malgré toute leur connaissance des Écritures …

Et alors ils cherchent des explications, Marie en particulier : le jardinier aurait pu mettre le corps ailleurs … quelqu’un aurait pu l’enlever, lui faire du mal … on l’avait crucifié, c’était déjà difficile, et voilà que le cauchemar se poursuit …

Et même la rencontre avec Jésus lui-même ne peut pas, dans un premier temps, la sortir de son deuil et de ses convictions …

Mais lorsque l’explication parvient, lorsqu’elle sonne juste, pour Marie comme pour Simon Pierre et le disciple que Jésus aimait, alors tout devient clair, tout devient simple, il n’y a plus à cacher quoi que ce soit, il n’y a plus à se cacher même, mais il y a à raconter, il y a à témoigner …

Et c’est ainsi que le christianisme est né …

Suite à la résurrection du Christ bien sûr

Mais aussi à la suite de la résurrection des premiers témoins, comme Marie de Magdala, comme Simon Pierre et l’autre disciple …

Le christianisme est né d’une expérience de la résurrection, non pas après la mort, mais de leur vivant, par celles et ceux qui voulaient comprendre ce qui s’était passé …

Je pourrais reparler ici des ossements desséchés, mais je vais laisser cet épisode de côté pour passer directement à nous, qui sommes ici ce matin …

Des épisodes de résurrection, nous en avons sans doute tous vécu, à différents niveaux …

Et pourtant, à chaque fois qu’il fait gris ou qu’il y a du brouillard, qu’il est difficile d’imaginer que ce n’est pas partout la même chose …

Et pourtant, à chaque fois que nous sommes malades, qu’il est difficile d’imaginer comment ça fait d’être en bonne santé …

Et pourtant, à chaque fois que nous sommes en mauvaise relation avec quelqu’un, comme il est difficile d’imaginer une relation simple et tranquille avec la personne … !

Et pourtant c’est exactement à cela que pourraient servir nos expériences de résurrection … et pourtant c’est exactement à cela que pourrait servir l’expérience de la résurrection du Christ transmise par les Évangiles : ces expériences pourraient nous permettre de tenir le coup, d’agir différemment sans nous enfermer dans le mal quel qu’il soit, et de ce fait, ces expériences pourraient nous permettre de porter un regard différent sur ce qui nous arrive, devraient nous permettre de vivre avec les autres des ouvertures, des changements, des nouvelles solutions …

Parce qu’avec la résurrection, il n’y a plus besoin de se cacher ou de cacher quelque chose : avec la résurrection arrivent les possibilités de témoignages, arrivent les possibilités de rencontres et de nouveautés …

Le tout dans les moments difficiles, c’est de trouver comment se souvenir de la résurrection, de celle du Christ ou de celles par lesquelles nous sommes déjà passé·e·s, afin d’y trouver les ressources qui nous permettront de passer outre …

Dans un autre sens, je pense que nous pouvons appeler « expériences de résurrection » tout moyen que nous connaissons et que nous utilisons afin de surmonter nos difficultés …

 Parce que la résurrection, c’est bien aussi celle de la chair, comme l’histoire des ossements desséchés voulait nous le faire comprendre,

Ce n’est pas à attendre après la mort

La résurrection, c’est lorsque nous sommes rendus à notre vie, au moment où tombent les doutes, les peurs et les colères, si je le dis en un seul mot, au moment où le mal est vaincu …

Avec la résurrection arrive le règne de la paix …

Au nom du Christ

Amen

Notre Père qui es aux cieux

que ton nom soit sanctifié,

que ton règne vienne,

que ta volonté soit faite

sur la terre comme au ciel …

Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.

Pardonne-nous nos offenses

comme nous pardonnons aussi

à ceux qui nous ont offensés,

et ne nous laisse pas entrer en tentation,

mais délivre-nous du mal,

car c’est à toi qu’appartiennent

le règne, la puissance et la gloire,

pour les siècles des siècles.

Amen

Dites régulièrement :

« Le Christ est ressuscité ! »

Et on devrait vous répondre :

« Il est vraiment ressuscité ! »

Bénédiction

Que la grâce du Seigneur, qui dépasse tout ce que nous pouvons en comprendre, garde nos cœurs et nos pensées dans le nom du Christ Jésus.

Soyons dans la paix du Seigneur : le Père, le Fils et le Saint Esprit !

Amen